Après un net fléchissement suite aux attentats de Paris et de Nice, la fréquentation touristique rebondit. La France devrait accueillir 89 millions de touristes, dont 75 millions de visiteurs étrangers, d’ici la fin de l’année, soit une hausse de 7%. Pourtant, malgré ce résultat encourageant, notre pays ne tire pas suffisamment profit de son énorme potentiel touristique, notamment en termes de durée de séjours et de recettes. Le rapport Huchon, commandité par le précédent exécutif, soulignait, à cet égard, les faiblesses structurelles de l’offre française.
Pour combler ce déficit de compétitivité, le gouvernement a dévoilé un plan ambitieux pour doper l’attractivité de la destination France. Objectif affiché : atteindre 100 millions de touristes étrangers en 2020 ; porter de 40 à 50 milliards d’euros les recettes touristiques et créer 300 000 emplois supplémentaires dans ce secteur.
Le tourisme constitue un moteur important pour notre économie. Il représente 8 % du PIB national et génère 2 millions d’emplois, évidemment non délocalisables. Il contribue au développement de nos territoires et participe au rayonnement de la France sur le plan international.
Bien que la France reste la première destination touristique mondiale, devant les États-Unis et l’Espagne, elle est désormais fortement concurrencée par d’autres pays européens, disposant, eux aussi, d’un fort potentiel touristique. D’ailleurs, en termes de recettes, elle n’occupe que la troisième place ; la quatrième pour la durée moyenne de séjour.
Cette différence dans les classements démontre que le tourisme est très insuffisamment exploité comme relais de croissance par l’économie française. Pour remédier à cette situation, Édouard Philippe a organisé, le 26 juillet dernier, un conseil interministériel dédié au tourisme, afin de définir un plan d’actions visant à optimiser les potentialités nationales dans ce domaine.
À cette occasion, le Premier ministre a réaffirmé l’ambition du gouvernement de renforcer la France dans sa position de première destination touristique mondiale. Mais il souhaite que les objectifs quantitatifs du gouvernement (faire passer le nombre de touristes internationaux de 75 millions à 100 millions d’ici à 2020), soient accompagnés d’objectifs qualitatifs, par exemple, en travaillant sur l’augmentation de là durée de séjour, source de recettes touristiques.
Six axes stratégiques
Le plan gouvernemental prévoit d’agir, avec des mesures concrètes, dans six domaines prioritaires :
- améliorer la qualité de l’accueil et sécuriser les sites : facteurs essentiels de la satisfaction et de la fidélisation des touristes ;
- travailler sur la structuration de l’offre touristique, qui doit permettre d’attirer davantage de touristes internationaux et de mieux développer les produits touristiques ;
- soutien de l’État aux investissements liés au tourisme. Dans la durée, 1 milliard d’euros seront disponibles à cet effet ;
- améliorer la formation et la qualité des emplois liés aux métiers du tourisme ;
- améliorer la numérisation et le partage d’informations sur les données concernant le tourisme, afin .de renforcer la compétitivité de la filière ;
- permettre l’accès aux vacances au plus grand nombre. Ce volet social est important pour le gouvernement.
Un premier train de mesures
Lors du conseil interministériel du 26 juillet, le Premier ministre a annoncé un premier train de mesures s’inscrivant dans la stratégie du plan gouvernemental :
– Des visas en 48 heures dans 10 nouveaux pays.
Pour renforcer l’attractivité de la France, la capacité de délivrance des visas en 48 heures sera étendue à 10 nouveaux pays : Russie, Thaïlande, Philippines, Cambodge, Laos,
Birmanie, Indonésie, Inde. Pour ces pays, où le dispositif doit permettre de répondre à la demande croissante de touristes, la mesure sera effective d’ici le 1er novembre 2017. L’Arabie saoudite et le Vietnam pourraient bénéficier du même statut en 2018.
– Attente limitée aux aéroports.
À compter du 1er janvier 2018, l’attente aux postes frontières dans les aéroports sera au maximum de 30 minutes pour les ressortissants européens et de 45 minutes pour les non européens.
– Entretien régulier des autoroutes entre les aéroports et Paris.
Pour donner une meilleure image du pays aux touristes qui arrivent, le nettoyage et l’entretien des espaces verts le long des autoroutes seront assurés de façon régulière
– Préparation d’un plan d’investissement dans les stations touristiques.
Pour lutter contre la dévitalisation de certains sites touristiques, un dispositif incitatif sera recherché pour permettre la montée en gamme de l’offre de logements d’accueil. Une expérimentation sera lancée cette année, avant une possible extension en 2018.
– Augmentation des contrats d’apprentissage dans le secteur.
Le système d’apprentissage doit être refondé. L’examen d’un projet de loi est prévu au printemps 2018. Dans cette perspective, une concertation avec les professionnels sera engagée à l’automne. Il visera à développer ces contrats dans le secteur du tourisme.
– Signature en 2018 d’un accord d’engagement de développement de l’emploi et des compétences (Edec).
Il s’agit de répondre aux besoins en termes d’emplois et de compétences du secteur. La priorité portera sur l’impact du numérique. L’engagement financier de l’État sera déterminé dans le cadre de négociations avec les partenaires sociaux. Une enveloppe de 600 000 à 800 000 € d’euros est envisagée.
– Expertise publique au profit des territoires.
Soutien aux projets touristiques des territoires ruraux avec le dispositif AIDE
– Fluidification des opérations de détaxe dans les aéroports.
Afin de limiter les files d’attente, préjudiciables à l’image de marque de la destination France, diverses dispositions sont envisagées : harmonisation et simplification des bordereaux de détaxe d’ici le 30 juin 2018, lancement d’un plan douane-aéroports pour accroître la capacité informatique de traitement des bordereaux ; sensibilisation des commerçants et communication commune à l’égard des voyageurs.
– Lancement à l’automne 2017 de la plate-forme « DATAtourisme ».
Elle vise à collecter, uniformiser et diffuser en open data les données produites par les acteurs touristiques. Elle sera enrichie dans le temps par des données complémentaires.
– Convention interministérielle pour soutenir le tourisme culturel fin 2017.
Elle définit les modalités de coopération entre le ministère de la Culture, les différents ministères chargés du tourisme et les opérateurs. Elle sera structurée autour du développement touristique des territoires par la valorisation de leurs ressources culturelles.
Un souhait de synergie entre COMMERCE et TOURISME
L’Alliance, qui milite depuis des années pour développer les synergies insuffisamment exploitées entre commerce et tourisme, ne peut que se féliciter de l’implication du gouvernement dans une politique volontariste pour valoriser le patrimoine touristique national. Beaucoup de nos demandes ont été entendues.
La création de zones touristiques internationales à l’intérieur desquelles les ouvertures dominicales et en soirée des magasins sont désormais autorisées, est par exemple un élément extrêmement positif.
Indéniablement, les choses vont dans le bon sens. Restent quelques règles, de nature technique, qui, sans être déterminantes, constituent néanmoins un frein à la perception de recettes touristiques auxquelles notre pays peut prétendre.
Ainsi, il nous paraît peu judicieux d’établir un plafond pour le paiement en liquide d
es achats effectués par les non-résidents, alors que d’importants segments de la clientèle étrangère, à fort pouvoir d’achat, continuent de privilégier ce mode de règlement et que nos principaux pays concurrents ne fixent, eux, aucun plafond.
L’autre point, plus fondamental celui-là, concerne l’abaissement du seuil ouvrant droit à la détaxe. Il est en France l’un des plus élevé d’Europe (175 € contre 90 € en Espagne, 30 € au Royaume-Uni, 25 € en Allemagne, pour ne citer que ces exemples). Il s’agit là d’un véritable handicap de compétitivité en matière de recettes touristiques. Malheureusement, il semblerait que l’administration des douanes, cheville ouvrière du système de détaxe, soit opposée, pour l’instant, à cet abaissement. Ceci, non pour des raisons idéologiques, mais tout simplement parce qu’elle estime que la capacité actuelle de traitement des détaxes ne pourrait absorber une augmentation significative du nombre de bordereaux à gérer. Avant d’ouvrir la voie à l’abaissement du seuil de détaxe, il faut d’abord moderniser l’outil précisent les responsables des douanes.
Même si le comité interministériel n’a pas été très précis sur ce point, on peut noter, que parmi le premier train de mesures gouvernementales (cité précédemment), il est prévu le lancement d’un plan informatique pour accroître la capacité de traitement des bordereaux de détaxe. Tout se fera dans la transparence, déclare le Premier ministre. Pas moins de dix conseils interministériels et comités de pilotage consacrés au tourisme se tiendront entre octobre 2017 et juillet 2019. Ils feront l’objet d’une communication.
Dont acte !
Comment améliorer l’accueil des touristes dans nos magasins ? http://www.commercetourisme.com/