Décarbonons le commerce de la mode
En 2019, l’Alliance du Commerce publiait le Guide pour la mode responsable, qui avait pour objet d’identifier tous les sujets dont les enseignes de mode devaient s’emparer pour répondre aux exigences de plus en plus fortes du développement durable.
Nous avions ainsi identifié les 6 étapes du cycle de vie d’un produit de mode sur lesquelles les entreprises devaient agir (les matières premières, la production, les transports, la commercialisation, l’utilisation et la fin de vie) et mis en valeur les nombreuses initiatives engagées par les enseignes.
Le secteur de la mode étant très facilement mis à l’index dans les médias, nous souhaitions également rappeler la complexité du sujet compte tenu de la mondialisation et de la fragmentation de la chaîne de valeur.
Cette feuille de route établie, nous avons choisi cette année de nous concentrer sur l’impact de nos activités en termes d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
Ce choix ne signifie nullement que les autres aspects de la responsabilité sociale et environnementale de nos entreprises passent au second plan. Toutefois, avec la multiplication de phénomènes inquiétants dans le monde (sécheresse historique, feux de forêt géants, fonte accélérée de la calotte glaciaire, etc.), la lutte contre le réchauffement climatique revêt aujourd’hui un caractère urgent très marqué.
La France s’est engagée, au niveau européen et international, dans une stratégie bas carbone ambitieuse : pour atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément à l’accord de Paris, il faudra réduire nos émissions de 5% par an dans les 30 prochaines années.
Nous ne pouvons ignorer ce contexte. Nous sommes conscients que notre secteur est un émetteur de GES significatif et qu’il doit agir : les contraintes réglementaires se renforcent, en particulier s’agissant des consommations énergétiques liées aux transports, à la logistique et aux points de vente ; les consommateurs, devenus très sensibles à ce thème, ne comprendraient pas que nous restions attentistes.
Le périmètre du guide doit être expliqué. Celui-ci traite des opérations sur lesquelles les enseignes ont la main et sur lesquelles elles peuvent apporter rapidement des améliorations, à savoir toutes les opérations qui vont de la sortie d’usine à la gestion des stocks et de leurs invendus.
Les problématiques environnementales en amont de ces opérations (impact environnemental de la culture du coton, émissions de GES des pays de production) ne sont donc pas traitées dans cette étude.
Nous sommes conscients que ces problématiques sont extrêmement importantes, mais il est impossible pour nos entreprises en l’état actuel du marché mondial de disposer d’une capacité d’action significative. Certes un mouvement de relocalisation de la production est perceptible, mais il reste marginal en termes de volume.
Ces problématiques en amont renvoient à la question de l’intégration du coût environnemental dans les prix des produits importés. Ce sont des sujets d’avenir pour notre secteur, qui concernent l’évolution des règles du commerce international et les questions de traçabilité ; mais ce sont des sujets très complexes qui auraient nécessité une étude beaucoup trop longue. L’Alliance du Commerce y reviendra nécessairement dans les années à venir.
Le contenu du guide découle de ce choix. Il s’agit d’un guide très pratique concernant le choix des techniques à mettre en œuvre et des prestataires à sélectionner. Il mentionne systématiquement les temps de retour sur investissement des différentes solutions envisagées. Cette dimension économique et financière est fondamentale dans le contexte actuel. Les enseignes doivent investir de manière particulièrement judicieuse. Ces investissements représentent également à terme une baisse appréciable des coûts d’exploitation.
Les émissions de GES liées aux magasins et entrepôts, ainsi qu’à l’importation, aux transports et à la livraison des produits font l’objet de développements importants, car il s’agit des domaines où les enjeux réglementaires et financiers sont aujourd’hui les plus pressants. Le guide traite également des emballages et de l’aménagement des points de vente (mobiliers, écrans), sujets sur lesquels les enseignes peuvent agir avec d’importants gains écologiques et économiques.
Nous espérons que ce guide fournira des aides utiles aux entreprises pour améliorer leur performance environnementale dans les meilleures conditions en ce temps difficile et qu’il apportera la démonstration que notre secteur est bel et bien engagé dans sa transformation vers un modèle économique plus durable.
Christian Pimont, Président de l’Alliance du Commerce