Revitaliser les centres-villes

20 janvier 2018
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Magasin et Territoire
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Longtemps sous-estimée, la dévitalisation commerciale du centre des villes moyennes est devenue une réalité prégnante, qui préoccupe le monde économique et la sphère politique.

Ainsi, une table ronde, à laquelle l’Alliance participait, a été organisée au Sénat sur ce sujet.

Le Premier Ministre, pour sa part, vient de dévoiler un plan d’action pour revitaliser les centres-villes.

Les participants à la table ronde du Sénat ont répertorié les principales causes de la dévitalisation du centre des petites agglomérations.

Tout d’abord, les handicaps structurels qui frappent le centre-ville, par rapport à la périphérie : densité et ancienneté du bâti ; difficultés d’accessibilité (circulation, stationnement, manque de transports alternatifs, etc. contre parkings nombreux et gratuits en périphérie) ; persistance de normes qui ralentissent et renchérissent la construction et la rénovation d’installations (procédures rapides et moins chères en périphérie) ; des coûts d’exploitation plus élevés.

Face à la dégradation de la situation, les sénateurs ont posé la question d’un moratoire national sur l’ouverture de centres commerciaux. L’Alliance du Commerce estime, pour sa part, qu’un moratoire ne peut s’envisager qu’au niveau local et s’inscrire dans une stratégie territoriale (PLU) élaborée nécessairement au niveau intercommunal. L’Alliance reconnait, par contre, que les CDAC ont une propension à autoriser trop facilement les projets en périphérie ; mais plutôt que de supprimer les CDAC, il est possible d’améliorer la qualité de leurs décisions.

Nous préconisons ainsi de rééquilibrer la composition des CDAC avec plus d’experts reconnus, de confier l’étude des projets à un cabinet indépendant, d’effectuer des analyses d’impact économique sur les commerces de centre-ville lors du lancement d’un projet en périphérie, etc.

Assouplir les horaires d’ouverture

La valorisation des nouvelles technologies est un atout important que les commerces doivent utiliser pour développer leurs activités en centre-ville, notamment à travers l’omnicanal. Mais les villes doivent, également, faciliter les nouveaux modes de consommation, en élargissant les horaires d’ouverture des magasins (en soirée, après 13 h le dimanche pour l’alimentaire).

Par ailleurs, il serait souhaitable que les municipalités mènent une politique d’animations, d’évènementiels, en partenariat avec les commerçants. Les élus doivent avoir une approche marketing de leur centre-ville, car celui-ci est en concurrence directe avec les centres commerciaux de périphérie, gérés, eux, selon ce principe.

En matière d’accessibilité, qui reste “un caillou dans la chaussure” des centres-villes, les participants ont noté que beaucoup de villes de province reviennent à une politique plus raisonnable quant à la place de la voiture : maîtriser la circulation (sans l’interdire), améliorer les rotations de stationnement, développer des parkings relais.

À l’évidence, le centre-ville ne pourra jamais offrir une accessibilité comparable à celle des centres commerciaux de périphérie ; mais pour compenser ce handicap structurel, il peut mettre l’accent sur le plaisir de la flânerie, le ludique du shopping. Il dispose à cet effet du cadre urbain et architectural propice à ce type de consommation.

En conclusion de cette table ronde, il est apparu que les villes devaient agir dans les secteurs où elles disposent de leviers d’action : urbanisme, fiscalité locale, accessibilité, animation. Leur rôle est, avant tout, de créer les conditions d’une relance de l’initiative privée, là où celle-ci rencontre des difficultés.

Le gouvernement dévoile son plan d’action destiné aux centres-villes

De son côté, le Premier Ministre, lors de la Conférence nationale des territoires du 14 décembre, a dévoilé son plan d’action destiné aux centres-villes.

De nombreuses mesures annoncées correspondent à celles que l’Alliance avait préconisées dans son livre blanc. Elles seront traduites en cours d’année dans des textes législatifs et réglementaires.

Les points essentiels du plan, baptisé « Cœur de ville », concernent les agglomérations de 20 000 à 100 000 habitants.

Une enveloppe de 5 Md€, sur cinq ans, sera consacrée à la vingtaine d’opérations annuelles lancée dans le cadre d’une contractualisation ville ou intercommunalités et État (par le biais de la future Agence de la cohésion des territoires).

L’idée est de faciliter le financement des projets de réhabilitation en mettant en place un guichet unique pour les collectivités. Dans le cadre du plan, la CDC pourra investir jusqu’à 300 M€ auprès des sociétés foncières qui achètent des murs de boutiques en centre-ville.

D’autre part, les propriétaires seront incités à rénover les logements de centre-ville pour favoriser le maintien des résidents et faire revenir ceux qui l’avaient quitté.

L’Agence nationale de l’habitat consacrera 1 Md€ d’aides à la réhabilitation de logements et Action Logement investira 1,5 Md€ en subventions et prêts pour financer des opérations « acquisition-rénovation » dédiées aux salariés.

Enfin, la CDC engagera 700 M €, sur fonds propres, pour développer l’installation de nouvelles activités économiques.

Revoir la fiscalité, une priorité

Lors de la présentation du plan gouvernemental, Édouard Philippe a par ailleurs indiqué qu’il faudrait favoriser les baux de courte durée et, sans doute, dispenser les enseignes s’installant en centre-ville de passer sous les fourches caudines des CDAC.

Mieux, en termes d’installation et de développement du commerce en périphérie, le Premier Ministre a suggéré que l’on puisse accorder au maire la décision de geler les implantations qui menaceraient son centre-ville. Ces deux derniers points devront être précisés dans des textes à venir. Ils correspondent explicitement aux mesures proposées dans le Livre Blanc de l’Alliance du Commerce.

Nous défendons l’idée de « zones franches réglementaires » pour accélérer la renaissance de la vie commerciale en centre-ville. Dans cette logique, nous préconisons d’accroître le pouvoir des municipalités en matière de régulation des équipements commerciaux.

Au-delà de l’aspect réglementaire, l’articulation des prélèvements fiscaux qui touchent notre secteur joue un rôle déterminant dans les décisions d’implantation commerciale.

C’est pourquoi, nous attendons beaucoup de la réforme de la fiscalité locale, dont l’étude sera conduite dès 2018.

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