L’embellie du mois d’octobre (ventes en hausse de +8,4 %) aura été de courte durée. Les enseignes succursalistes de l’habillement membres de l’Alliance du Commerce ont enregistré au cours du mois de novembre 2018 une baisse de leurs ventes de -6,1%. Cette baisse frappe tout particulièrement les vêtements pour enfant (-10%) et la lingerie (-7,5%). Les vêtements pour femme et pour homme sont également concernés et enregistrent respectivement des baisses de -5% et -3,8%.
Malgré une opération Black Friday largement suivie et prolongée, les enseignes ont connu des perturbations exceptionnelles de leur activité, liées au démarrage de la mobilisation des « gilets jaunes » à partir du 17 novembre, expliquant très largement ce décrochage.
En cumul depuis janvier 2018, l’évolution des ventes est négative (-4,2%).
Des canaux de distribution inégalement touchés par le mouvement des gilets jaunes
Les chiffres des enseignes de l’habillement sont légèrement plus dégradés que ceux de la consommation nationale d’articles d’habillement et textile (- 4,4%).
Cette différence tient au fait que les canaux de distribution n’ont pas été affectés de la même manière par le mouvement, du moins durant le mois de novembre.
Les grands magasins et magasins populaires enregistrent une progression de leurs ventes de +2,6%, néanmoins en recul par rapport aux tendances des derniers mois. En cumul depuis janvier 2018, l’évolution des ventes textile et habillement des grands magasins et magasins populaires est à peu près stable (-0,2%). Ces magasins, généralement situés en centre-ville, ont été en novembre moins touchés par les blocages qui ont, dans un premier temps, surtout concernés les centres commerciaux et les grandes surfaces situés en périphérie.
Les enseignes ont constaté une hausse très modérée de l’activité de leurs sites de vente en ligne : les perturbations liées aux gilets jaunes n’ont donc pas entraîné un report massif des achats vers Internet.
Poursuite de la chute des ventes en décembre 2018
Les effets de la crise des gilets jaunes se sont accentués en décembre en touchant également, au-delà des magasins de périphérie, les commerces situés dans les centres des métropoles, notamment à Paris (dégâts matériels, fermetures de magasins). En particulier, l’activité des grands magasins et magasins populaires a été extrêmement affectée.
Ceci est d’autant plus préoccupant que le mois de décembre représente habituellement un pic annuel d’activité. La baisse des ventes ne pourra pas être pleinement compensée dans les mois suivants.
Le secteur de l’habillement dans une situation économique très inquiétante
La crise des gilets jaunes frappe durement un secteur économique déjà très fragilisé depuis plusieurs années (fortes tendances déflationnistes, restructuration des réseaux et fermeture d’enseignes).
Les besoins en trésorerie des commerçants sont par conséquent élevés, ceci d’autant plus que les entreprises devront faire face à des dépenses de réassortiment à partir du mois de février 2019. Par ailleurs, les échelonnements de paiement des charges fiscales et sociales annoncés par le gouvernement s’avèrent en réalité complexes et lents à mettre en place.